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Cette nuit là je m’étais réveillé en sueurs suite à un rêve inextricable. Le système me chargeait de ranger les pods selon des critères plus abstraits les uns que les autres. À perte de vue, en haut, en bas, à droite, à gauche, devant, derrière des capsules, bien ordonnées sur une grille en trois dimensions. Mon champ de vision était saturé de ces pods qui s’étendaient dans l’infinité.
Les piles imparfaites que j’essayais tant bien que mal de constituer ne cessais de tomber dans cet espace indéfini. J’essayais d’attraper ces capsules de la taille d’un œuf avec mes mains de géant mais ils me passaient entres les doigts comme de l’eau. Il m’était impossible de les prendre, une main au dessus de l’autre, ils les traversaient comme si elles n’étaient pas là. Je les voyais descendre dans le lointain sans rien pouvoir faire. Je les suivais des yeux jusqu’à ce qu’ils deviennent trop petits pour les distinguer. Je les abandonnais avec tristesse et essayais de me concentrer sur le flux entrant. au centre de l’espace, les nouvelles capsules d’œufs arrivaient d’un trou fait dans un gigantesque pod, un peu comme celui qui était chez la femme. Le flux ne cessait de croitre, j’avais de plus en plus de mal à ne pas faire tomber les piles. Leur équilibre était fragile finissaient quand même par crouler, puis leurs voisines, et leurs voisines. Je regardais les évènements sans pouvoir agir. La réaction en chaine était lancée.
Tout s’effondrait autour de moi. Bientôt je tombais en même temps que les œufs, ils étaient quasiment figés autour de moi, mais je pouvais sentir l’air siffler à mes oreilles. Il me sembla que je tombais pendant une éternité. J’essayais de saisir les pods à ma portée en espérant en sauver le plus possible de la chute. Je ne pouvais pas en serrer plus de cinq ou six contre moi. Soudain, l’espace autour de moi s’assombrit, je perdis de vu les œufs que je n’avais pas pu protéger dans mes mains. Je m’étais arrêté de tomber, je me trouvais maintenant sur un lit sur-dimensionné, je laissais tomber mon butin sur la couverture blanche immaculée. Je la vis alors, la femme, géante, nue, avec ses vieux cheveux plus blancs encore que les œufs. Debout, à côté du lit, elle me regardait intriguée. Je regardais autour de moi, la pièce m’était familière, à la place des piles de linge et de vaisselle, je voyais des pyramides d’œufs qui remplissait l’espace. Le trou était présent aussi. Au lieu de l’amas d’objets divers se trouvaient encore plus d’œufs. La main de la géante s’approcha de moi et saisi une des capsules rescapées. Elle la porta à bout de bras au plus près du plafond lumineux. Je pus voir en transparence une petite silhouette humaine flotter dans la coquille, celle-là ne bougeait pas. Elle la porta à son oreille. Après quelques instants de concentration elle ferma les yeux. Elle descendit sa main auprès de son cœur. Ensuite elle s’éloigna du lit à pas lent pour s’approcher d’une des pyramides au sol. Elle s’agenouilla, pris l’œuf entre ses deux mains, baissa la tête entre ses bras et sembla se recueillir. Elle le porta à sa lèvres, le baisa délicatement. Je cru apercevoir la petite figure à l’intérieur secouée d’un frisson puis se recroqueviller en position fœtale. Elle souffla une dernière fois sur la coquille et la plaça délicatement sur un de côtés de la pyramide, complétant ainsi une rangée. Elle répéta l’opération avec les quatre autres capsules que j’avais ramené. Elle commença comme ça une autre rangée.
Elle se leva pour aller inspecter une autre pyramide dans la pièce. Portées à la lumière, les petites figures semblaient là bien plus actives. Un a un, elle vérifia chaque œuf et l’envoya délicatement par l’ouverture dans le pod. Ils étaient alors aspirés lentement vers le dehors pour rejoindre l’infinité. Elle répéta ceci jusqu’à ce que la pyramide ait complètement disparue.

J’étais resté à genou sur la couverture du lit tout le long des opérations, fasciné par les agissement de la géante. Elle revint vers le lit pour s’occuper de moi. Elle avait l’air intrigué de ce petit personnage sans capsule. Elle se pencha vers moi, et me fixa, se demandant surement que faire de moi. Pétrifié, je lui renvoyait son regard, je sentais tout mon corps trembler. Il lui suffisait de deux doigts pour m’écraser. Lentement elle avançais un main vers moi, je me suis mis debout et commençai à reculer au fur et à mesure que la main s’approchait. Mon cœur battait à en rompre ma cage thoracique. Je me pris les pieds dans les plis de la couverture et tombai en arrière. la main en profita pour me saisir par la taille avec deux doigts et me souleva. Je sentait la pression douce de ses doigts sur mes côtes. Lentement la géante m’emmena vers la petite table ronde. De son autre main elle balaya les capsules qui y était amassées et prit un verre qui s’y trouvait. Elle me reposa délicatement sur la table et s’assit à moitié sur la seule chaise de la pièce en faisant bien attention de ne pas écraser les capsules coincées entre le coussin et le dossier. Je continuais à la fixer avec mes yeux remplis de peur. Je ne vis pas le verre revenir vers moi et me piéger. Elle approcha son œil de ma prison transparente et m’observa. Cette fois je m’agitais, je criais de toutes mes force «Sortez-moi de là ! Sortez-moi de là !», je tapais des poings sur la parois. Aucun son ne semblait passer à l’extérieur de la cage. La géante ne réagissait pas, elle ne clignait pas des yeux. Elle s’approcha encore, je tapai du poing encore une fois, plus fort cette fois. Pas de réaction, elle était fascinée. Fatigué, je m’avachis contre la parois lui faisant face. Nous sommes restés comme ça ce qui m’a semblé être une éternité.

Elle fut soudain distraite par quelque chose derrière elle, se leva brusquement pour me faire dos. J’en profitai pour tenter de m’échapper, j’essayai de glisser mes doigts sous la parois transparente sans succès. Tant bien que mal j’essayai de soulever le verre avec mes paumes. Je glissait. Je me mis à pousser de toutes mes forces en espérant atteindre le bord de la table. Je glissait.
Je jetai un regard de détresse autour de moi et compris ce qui avait détourné la femme de mon cas. Le trou dans le mur s’était agrandi et aspirait maintenant les pyramides disposées dans la pièce. Les œufs volaient de part et d’autres pour s’engouffrer à toute vitesse par l’ouverture qui ne cessait de s’agrandir. Bientôt des paquets entier s’envolèrent, les pyramides amputées de leur bases s’effondraient et les capsules roulaient inexorablement le trou.
La géante faisait tout son possible pour les retenir, en vain. Elle n’avait pas assez de main pour tous les conserver. Elle faisait des allers-retours précipité dans la pièce pour essayer de remettre sur pied les amas d’œufs. Elle perdit courage et dans un dernier élan de sauvegarde se jeta au sol pour barrer de son corps ses protégés emportés par le flux d’air. Elle balayait le sol avec ses avants bras l’un après l’autre pour tenter d’en protéger encore d’autre. Ses mouvements se ralentissaient. Son visage devenait de plus en plus bleu. Quasiment tout l’air avait été aspiré. Elle finit par s’écrouler. Elle ne bougeait plus.
J’étais terrifié, je ne pouvais rien faire. J’étais debout, les deux mains sur le verre à observer impuissant la mort de la femme.
Je sentais un faible courant d’air sur mes chevilles, c’était l’air qui s’échappait de ma prison. Je commençais à ressentir les effets du manque d’air. Mon champ de vision rétrécissait, je voyais flou. J’étais au sol l’instant d’après.

J’ouvris les yeux. Le plafond de mon pod se rallumait doucement vers une lumière blanche ivoire.
« — Il semble que vous ayez fait un mauvais rêve Arthur, tout vas bien ? Votre rythme cardiaque est très rapide, vous êtes déshydraté. Buvez-ce verre d’eau, ça ira mieux. »
La voix familière de Codeia me rassura. Je retournai à mon sommeil, murmurant un merci à destination de Codeia.